
Situé dans les années 50, le film réalisé par Sam Mendes semble pourtant d'une modernité évidente. Les dissensions sont nombreuses parmi le public entre ceux qui pensent que le cinéaste s'égare et que le film sonne faux et les autres qui trouvent cette chronique noire poignante.
En adaptant le roman de Richard Yates, REVOLUTIONNARY ROAD, Mendes sort de JARHEAD, un film de guerre difficile qui n'a pas fonctionné au box-office (96 millions de dollars rapportés pour 72 millions investis), mais qui connaît une reconnaissance un peu tardive notamment en vidéo. Il se met en quête d'un projet moins démesuré et plus intimiste à l'instar de celui qui a lancé sa carrière, AMERICAN BEAUTY. D'ailleurs, on se rend compte que les deux films ont beaucoup en commun, entre un couple qui se ment à lui-même, les secrets des uns et des autres, la difficulté de communiquer, la recherche d'un bonheur qu'ils ne parviennent pas à atteindre ensemble.
Les années 50, donc, le début du conformisme selon le romancier Richard Yates. En adaptant cette histoire, Mendes ne fait l'impasse sur aucun thème, de ce regard désespéré sur ces gens à la vie (trop) bien rangée en passant par ces voisins bien sous tous rapports jusqu'aux couples persuadés d'être heureux alors qu'ils sont englués dans un quotidien qu'ils détestent. La beauté du geste est de réunir l'un des couples les plus mythiques de l'Histoire du cinéma pour jouer ces deux êtres qui ne se supportent plus. Comme un geste presque méta qui réunirait les deux ados de TITANIC dans leur vie de couple si tout s'était bien déroulé pour eux lors du naufrage du paquebot ! Pour Sam Mendes, au-délà d'un quelconque intérêt marketing, leur connivence était une évidence pour son film. Ils se connaissent depuis longtemps et ils sont

donc capables d'interpréter les sentiments complexes de leurs personnages tout en évoquant par de subtiles touches le lien qui les unit.
A l'écran, LES NOCES REBELLES est d'une véritable force émotionnelle que le couple star renforce assurément. Les disputes sont d'une intensité rare et prennent souvent un virage surprenant. Frank (Leonardo DiCaprio) se déchaîne dans une succession de reproches tout en trompant une femme qu'il aime probablement (et paradoxalement) de tout son coeur. L'homme est complexe, parfois incompréhensible dans ses actes, mais inévitablement triste au fond de lui-même. April (Kate Winslet) voit dans leur projet pour Paris une possibilité d'échapper à cet enfer quotidien, à renouveler une vie qu'elle trouve ridicule. Cette idée qu'ils forment un couple à part, promis à un destin exceptionnel, hante April qui se prend à rêver de cette promesse. Les désillusions, les peurs de Frank qui n'osent plus se mettre en danger en reprenant une vie rêvée à Paris et qui, la trentaine acquise, ne veut plus prendre de risque, les voisins à l'allure parfaite, mais aux démons bien ancrés. Sans compter le fils des Givings, interprété par un fabuleux Michael Shannon, qui représente un révélateur de vérité troublant. Tout explose dans un final démesuré où la mort ne peut être que la résolution d'un noeud dramatique impossible à dénouer...
A sa sortie, LES NOCES REBELLES n'est pas un carton avec 75,1 millions de dollars de recettes mondiales (dont seulement 22,8 millions aux USA soit l'un des pires résultats de la carrière de Leonardo DiCaprio), mais il a permis à Mendes de retrouver ses atours intimistes tout en questionnant des spectateurs sur leur propre recherche du bonheur. Puis, le cinéaste, après AWAY WE GO, est parti dans une nouvelle aventure, bien plus gigantesque : reprendre le flambeau de JAMES BOND avec SKYFALL.
nadia 18/02/2020 09:29
sami 07/02/2018 18:17